Festival Visions du réel : un trio de voix décalées

 

Jusqu'au 27 avril, découvrez la pêche quotidienne de notre reporter, désormais sur le lac Léman. Aujourd'hui, des punk “troublés”, des détenus et des femmes kurdes se font enfin entendre.
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Si les punks finlandais de Pertti Kurikan Nimipäivät expriment ce qu'ils sont en donnant de la voix, de nombreux exclus de notre société n'ont pas l'occasion de faire entendre la leur. Au printemps dernier, le vidéaste Jean-Gabriel Périot a mené une expérience originale avec des détenus de la maison d'arrêt d'Orléans. Court métrage d'une vingtaine de minutes, Nos jours, absolument, doivent être illuminés témoigne de cette initiative, qui donna des oreilles aux murs de la prison – plus exactement à son mur d'enceinte sud, devant lequel des femmes et des hommes de tous âges vinrent écouter, le 28 mai 2011, des prisonniers chanter.

D'une sono installée pour la circonstance, sortent des voix plus ou moins justes mais riches d'émotions, qui chantent depuis l'intérieur de la maison d'arrêt Aznavour, Polnareff ou Renaud. Associés à ces voix sans visage, Jean-Gabriel Périot donne à voir les faces muettes de leurs auditeurs, plantés devant le mur comme nous devant l'écran, émus comme nous le sommes par la présence/absence si clairement exprimée de ces individus qui n'ont jamais voix au chapitre.

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François Ekchajzer
Télérama, avril 2012
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